- Pourquoi je veux créer un blog ?
- Oui, Pourquoi ?
- Parce que !
- (Sourire narquois et un brin agacé)
- Parce que j’ai beaucoup de choses à dire !
Vois-tu. Depuis des années, j’ai envie de dire tout un ensemble de choses que je ne m’autorisais pas à dire. Par autocensure en fait. Je ne me donnais pas le droit, du fait de ma fonction à la Banque de France (sur mes deux derniers postes, j’étais directeur d’une succursale) de dire et de faire certaines choses, de m’impliquer dans certaines idées ou convictions.
Un exemple ? Je n’étais pas toujours d’accord sur la teneur de quelques-uns des messages de politique monétaire ou sur les critères de Maastricht véhiculés par la BDF, enfin par son Gouverneur. Néanmoins, je les ai toujours transmis honnêtement et dans l’optique qui était celle de la BDF. En interne, je pouvais avoir des échanges avec mes collègues ; mais, à l’extérieur, je transmettais fidèlement le message.
Et tiens, un autre exemple. Je ne me voyais pas manifester le samedi (pacifiquement ! je n’aime pas la violence) et assister le lundi à une réunion à la préfecture avec la CCI et les banquiers pour envisager les mesures devant être prises pour aider les commerçants. Ceci d’autant plus que je comprends les manifestants (ou, tout du moins, les idées défendues lors de nombres des manifestations de ces dernières années) et les commerçants (et l’impact que peuvent avoir sur la solidité de leurs affaires ces évènements).
Seulement, maintenant, j’ai envie de dire ce que je pense vraiment et qui peut être en contradiction avec ce que disent le Gouverneur et les dirigeants de la BDF. Et je pense avoir toutes les connaissances et les compétences pour le faire. Je ne suis certes pas un ‘Expert’ (avec un grand E et une profonde révérence), mais je sais de quoi je parle.
- Et encore.
- Plein de choses !
Je veux m’exprimer sur des sujets économiques et financiers, y compris ceux sur lesquels je me censurais parfois. Mais je veux aussi dire ce que je pense sur les problématiques environnementales et climatiques, sur des problématiques sociétales et sociales, sur ce qui se passe en France mais aussi en Europe et dans le monde, sur… pleins de sujets. Et cette fois, sans autocensure. Et en toute franchise, et sans langue de bois. Et sans colère même si parfois, ‘je m’enflamme’.
Je veux exprimer la façon dont je vois les choses et formuler des propositions pour que cela aille mieux, pour les corriger, pour les modifier. Tu vois ce que je veux dire ?
- Pas trop !
- Un exemple.
Je pense qu’à l’occasion de cette crise sur le coronavirus, la BCE prend des mesures tout à fait similaires à celles de la crise de 2008. Or les résultats sur l’économie réelle n’ont pas été à la hauteur des milliards et des milliards injectés et qu’on retrouve en partie sur les marchés financiers et spéculatifs, qui n’ont fait qu’alimenter la financiarisation excessive de l’économie mondiale. Je pense que des mesures comme l’effacement de dettes publiques détenues par la BCE permettrait de mettre en place des moyens de lutter efficacement contre la crise, non ! contre les crises induites par cette pandémie. Et aussi, de réparer les conséquences néfastes d’années et d’années d’une austérité imbécile, dont, par exemple, on mesure aujourd’hui les conséquences dans les hôpitaux. Et cela, bien sûr, en prenant en compte l’urgence climatique que beaucoup de gouvernants, maintenant encore plus qu’avant, ont envie de ‘mettre sous le tapis’. J’ai envie de parler de dispositifs comme la ‘monnaie hélicoptère’ à destination des entreprises et des ménages qui pourraient être mis en place. Ou encore des prêts directs aux Etats dans le cadre de projets à moyen et long terme bien définis de façon démocratique au niveau national et/ou européen.
Ou encore. Je ne suis pas d’accord avec la politique du gouvernement français qui distribue des milliards à de grandes entreprises sans aucune condition d’aucune sorte, ni environnementales, ni industrielles, ni sociales, ni de formation, ni d’affectation des bénéfices, rien. Juste la nationalisation des pertes et la privatisation des profits, pour reprendre la formule consacrée.
Ou encore… sur l’écologie, la transition énergétique et le changement climatique, sur les changements nécessaires dans notre société et même, je crois, son indispensable reconstruction dans plein de domaines, sur la justice sociale dans toutes ses formes et sur les absences de justice sociale, sur la politique prise dans son sens étymologique de ‘science des affaires de la Cité’ et donc de ‘gestion de la Cité, de l’Etat’, sur l’économie, la monnaie et la finance bien sûr, sur l’international aussi, sur…
Sur tout ça, et sur tout un tas d’autres sujets, sérieux ou plus légers, petit à petit, j’écrirai sur ce blog.
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21 mai 2020